Château de la Chasse

Le site castral du Château de la Chasse se situe en pleine forêt de Montmorency, sur la commune de Saint Prix.

Il est Inscrit sur la liste des Monuments Historiques depuis 1933. Il appartient aujourd'hui à l'Office National des Forêts.

Vues satellites de la Forteresse :

Carte Topo IGN (Géoportail) :

Saint Prix est un fief des Montmorency, qui y fondent un Prieuré, donné aux moines Bénédictins de l'abbaye Saint Martin de Pontoise.

C'est à Geoffroy le Riche et son épouse Richilde de Montmorency, que l'ont doit cette fondation du Prieuré Noir, vers 1085.

En 1278, le nom de Thor change avec l'arrivée des reliques de Saint Pry, évêque de Clermont martyrisé au VIIe siècle.

1125 :

Selon certaines sources, le baron Mathieu de Montmorency, futur Connétable de France de 1138 à 1160, fait édifier le château.

1141 :

Mathieu de Montmorency, très puissant dans tout le royaume, épouse Adélaïde de Savoie, veuve du roi Louis VI le Gros.

1204 :

Mathieu II de Montmorency se distingue lors de la prise du célèbre Château Gaillard, aux Andelys. Il y conduit l'armée royale aux côtés de Simon de Montfort, Guillaume des Barres et Lambert Cadoc.

1207 :

C'est au Château de la Chasse que Mathieu II de Montmorency reçoit le serment du comte de Saint Pol concernant deux de ses fiefs.

Cette même année, Mathieu y donne une fête en présence de son beau frère Simon de Montfort, marié à sa sœur Alix de Montmorency. Y est également invité le comte Mathieu de Beaumont.

1214 :

Mathieu participe à la bataille de Bouvines qui voit la victoire des troupes royales face aux troupes coalisées de Jean Sans Terre.

C'est lors de cette bataille qu'il accomplit l'exploit de s'emparer, au plus fort du combat, de douze bannières ennemies, qui lui permit de rajouter douze alérions (petits aigles en héraldique) à ses armes.

Quant à la croix rouge, au centre du blason, la légende nous raconte que c'est le roi lui même qui la traça avec le sang de Mathieu.

1218 :

A la mort de Dreux IV de Mello, Connétable de France, c'est tout naturellement que Philippe Auguste nomme Mathieu de Montmorency Connétable à son tour.

Cette même année, Mathieu épouse Emma, fille du sire Guy de Laval. Cette union est à l'origine de la très prestigieuse famille de Laval.

Plan proposé par Frédéric DIDIER

La Forteresse se présente sous la forme d'un quadrilatère flanqué à chacun de ses angles de quatre tours de plan cylindrique.

En fait, le corps de logis central ne relie actuellement que deux des tours circulaires, les Tours Est et Nord. Il est probable qu'à l'origine les tours d'angle flanquaient intégralement le logis seigneurial.

Sur ce cliché, nous pouvons apercevoir clairement le décrochement du corps de logis par rapport à la tour (T2).

En comparant les deux tours (T2 et T3), qui devaient être en tous points semblables à l'époque féodale, nous constatons qu'elles ne sont actuellement plus de même hauteur.

La tour (T3) qui flanque le logis sur ce côté doit toujours comporter, en partie, le troisième niveau d'habitation.

Le Logis seigneurial :

Il s'agit d'un bâtiment de plan quadrangulaire (rectangulaire) défendu par quatre tours d'angle, dont deux sont toujours accolées au logis.
 

Le château était à l'époque entourée de douves (ou de fossés secs), tracé repris par les deux étangs actuels reprennent le tracé.

Sur ce cliché, remarquez les quatre magnifiques fenêtres géminées, dont le sommet est en forme d'arc brisé chanfreiné. Elles ont été rebouchées à notre époque pour les commodités du logement.

Très fréquentes à l'époque romane, nous pouvons aussi en rencontrer au XIIIe siècle, date probable de construction du château.

Le matériau de construction est principalement le grès, que l'on retrouve en pierres de taille très irrégulières. Les murs de l'édifice doivent approcher 1,50 m, voir 2 mètres d'épaisseur moyenne.

Les Tours d'angle :

Au nombre de quatre, elles sont cylindriques et ont six mètres de diamètre. L'espace entre chacune d'elles est d'une dizaine de mètres.

Curieusement, toutes ces tours ont été arasées au XVIIIe siècle et couvertes d'un toit en pente vers l'extérieur, ce qui leur enlève un peu de leur cachet "médiéval".

Rappelons qu'au XIIIe siècle, les tours "Philipiennes" (constructions royales) étaient couvertes de toits en poivrière.

La Tour Ouest (T1) :

Avec sa sœur (T2), elle est l'une des deux tours les moins hautes de l'ensemble et flanque l'entrée actuelle.

La Tour Sud (T2) :

Comme la précédente, elle ne comporte pas de baies géminées, que l'on retrouve sur les deux autres tours Nord et Est.

La Tour Est (T3) :

C'est sur ces deux dernières tours que l'on apprécie le mieux la hauteur, près de dix mètres sur le côté intérieur, et la conservation des trois niveaux (le dernier tronqué).

La Tour Nord (T4) :

Remarquez les archères à ébrasement simple et hautes d'1,20 m environ. Elles sont présentes de chaque côté du flanquement.

Sur le cliché de droite, la tour se trouve en arrière plan. Une baie géminée y est encore visible.

André Châtelain

(1983) Châteaux Forts et Féodalité en Ile de France

Etude du Château de la Chasse : p399 à 402.